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Analyse microbiologique d’un prélèvement oculaire

Pour les infections superficielles, le traitement est souvent probabiliste. L’analyse microbiologique d’un prélèvement oculaire se justifie dans les cas suivants :

  • infections superficielles avec des critères de gravité (menace visuelle, risque de perforation, survenue en post-opératoire, suspicion d’infection fongique ou amibienne) ou chroniques (résistance au traitement probabiliste) ;
  • systématiquement pour les infections endo-oculaires.

Modalité de prélèvement et de transport

Dans la mesure du possible, il faut réaliser les prélèvements avant toute antibiothérapie.
Les modalités de prélèvement varient selon la localisation de l’infection et de l’agent microbien recherché.

Conjonctivites

Il faut prélever le maximum de sécrétion. C’est pourquoi, on doit réaliser le prélèvement avant la toilette faciale. Il se fait habituellement à l’écouvillon en frottant légèrement la conjonctive inférieure en partant de l’angle externe pour aboutir à l’angle interne de l’œil.
Pour éviter qu’il se dessèche, on le plonge dans un petit volume d’eau physiologique (pour ne pas trop le diluer). Ensuite, on doit l’acheminer rapidement au laboratoire. Si l’analyse ne peut être immédiate, il faut le placer dans un milieu de transport (type milieu de Stuart).
Pour la recherche de Chlamydia trachomatis, il faut gratter davantage le dessous des paupières afin de recueillir des cellules. On peut utiliser un cytobrush® que l’on place ensuite dans un milieu de transport spécifique.

Kératites

Le diagnostic est urgent.
C’est l’ophtalmologiste qui prélève et ensemence les milieux de culture. Le prélèvement se fait par grattage des bords de l’ulcération cornéenne avec un vaccinostyle après anesthésie locale.
Dans ce cas, il existe des kits de prélèvement standardisé comprenant l’ensemble des outils nécessaires au grattage et à l’ensemencement.
En cas de port de lentilles, on analyse également les lentilles ainsi que le boîtier et le liquide de conservation.

Infections endo-oculaires

Il s’agit ici aussi d’une urgence.
Le prélèvement est une ponction de l’humeur aqueuse ou de l’humeur vitrée réalisé par l’ophtalmologiste.
Compte tenu de l’urgence, on analyse le prélèvement sans attendre.

Dacryocystites

On prélève au niveau du canal lacrymal.

Blépharites

Il faut arracher quelques cils à la pince à épiler. On dépose les cils dans une goutte d’eau physiologique.

 

Examens microscopiques

Préparation des lames

En général, on prépare un frottis coloré au MGG et un autre au GRAM.
Pour les prélèvements d’humeur aqueuse et d’humeur vitrée, une cytocentrifugation est nécessaire. On peut éventuellement préparer un autre frottis pour la recherche des mycobactéries.

Interprétation

Pour les prélèvements de surface de l’œil

Pour beaucoup d’espèce, il est difficile de déterminer si leur présence est pathogène ou pas.
La flore commensale étant pauvre, il faut tenir compte de la quantité de bactéries présentes.
Cette flore est constituée essentiellement de staphylocoques et de corynébactéries. Elle est différente chez les porteurs de lentille de contact (présence d’une majorité de bacilles à Gram négatif comme les Pseudomonas spp et les entérobactéries).

L’observation du frottis coloré au MGG permet d’orienter le diagnostic. Sur un prélèvement de surface d’un œil sain, on observe quelques cellules épithéliales, quelques granulocytes neutrophiles et des bactéries de la flore commensale.

Le tableau 1 montre comment les résultats de ces examens microscopiques orientent le diagnostic.

Tableau 1 : Orientation du diagnostic en fonction des observations microscopiques

examen microscopique prélèvement oculaire

Pour les prélèvements endo-oculaires

Le diagnostic est plus simple car l’humeur aqueuse et l’humeur vitrée sont normalement stériles.

 

Mise en culture

Pour les infections oculaires

Les milieux doivent convenir aux différents germes susceptibles d’être rencontrées dans ces prélèvements. Les milieux suivants sont ensemencés :

  • Gélose chocolat enrichie incubée à 37°C sous 5 à 10% de CO2 pendant 3 à 5 jours ;
  • Gélose au sang incubée à 37°C en anaérobiose pendant 3 à 5 jours ;
  • iGélose Sabouraud et bouillon Sabouraud incubée à 37°C en aérobiose pendant 21 jours  ;
  • Bouillon pour bactéries anaérobies strictes (type Schaedler) incubé à 37°C pendant 3 à 5 jours.

Pour les ponctions d’humeur aqueuse et d’humeur vitrée, les milieux sont ensemencés avec le culot de centrifugation du prélèvement. Il faut ajouter aux milieux précédents des milieux de culture pour les mycobactéries (Bouillon MGIT et Loewenstein-Jensen). Tous les milieux sont observés pendant un mois.

Pour certaines espèces, le diagnostic repose sur des méthodes d’amplification génique : Chlamydia trachomatis, virus (Herpes virus 1 et 2, VZV, CMV et Adenovirus), acanthamibes.

Pour les prélèvements périoculaires

Dans le cas de dacryocystite et de blépharite, il convient d’ensemencer :

  • Gélose chocolat enrichie incubée sous 5 à 10% de CO2 pendant 3 à 5 jours à 37°C
  • Gélose Sabouraud pour la recherche des champignons incubée à 30 °C pendant 21 jours

 

Tableau 2 : Étiologie des infections oculaires en fonction de la localisation de l’infection

étiologie infection oculaire

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