Pour commencer, le diagnostic des infections à mycoplasmes est réalisé seulement sur prescription explicite du médecin.
Pour Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp, le diagnostic n’est pas simple car elles sont quelquefois commensales. Ainsi, pour interpréter les résultats, il faut à la fois tenir compte de la concentration des mycoplasmes isolés et de l’origine du prélèvement. L’identification et le dénombrement de ces espèces de mycoplasmes se fait en les cultivant.
En revanche, le diagnostic des urétrites à Mycoplasma genitalium ne repose pas sur une mise en culture mais sur des méthodes d’amplification génique.
Les mycoplasmes génitaux sont recherchés à partir de prélèvements urétraux, cervico-vaginaux, endocol, endométriaux, tubaires et du 1er jet urinaire. Le prélèvement doit ramener un maximum de cellules auxquelles les mycoplasmes adhérent car ils sont à la recherche de cholestérol, indispensable à la structure de leur membrane plasmique.
Les prélèvements sont placés dans un milieu de transport comme le milieu saccharose-phosphate (2SP) enrichi en 5% de sérum de veau fœtal. Le prélèvement se conserve alors 48 h à + 4°C ou congelé à -70°C.
Du fait de leur petit génome les mycoplasmes ont une capacité de synthèse limitée et une croissance dépendante de la composition de des milieux de culture. Pour cette raison, les milieux de culture de base sont des milieux complexes enrichis en sérum animal (qui apporte des protéines, des lipides et du cholestérol) et en extrait de levure (vitamines, ions minéraux..). En outre, ils sont rendus sélectifs pour inhiber la culture des contaminants (au moins une ß-lactamine et d’autres inhibiteurs).
Le choix du milieu dépend de l’espèce que l’on souhaite cultiver :
Notons que Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp peuvent aussi se satisfaire du même milieu, c’est le cas du milieu présent dans le coffret Mycoplasma IST2 de bioMérieux.
Tout d’abord, il faut savoir qu’en milieu liquide la multiplication des mycoplasmes n’entraine pas de trouble du milieu. Ainsi pour détecter leur croissance, on introduit des substrats dont l’utilisation se traduit par un changement de la teinte d’un indicateur de pH (rouge de phénol). Par exemple, on observera une alcalinisation liée à l’activité uréase d’Ureaplasma spp. ou à l’activité arginine dihydrolase (ADH) de Mycoplasma hominis.
Si nous disposons de deux milieux, chacun contenant seulement un de ces deux substrats (arginine ou urée), comme Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp n’ont pas le même profil biochimique, la capacité du mycoplasme à faire virer le rouge de phénol de chacun de ces deux milieux suffit pour les différencier. C’est le choix retenu dans la galerie Mycoplasma Duo.
Afin de disposer de milieux également utilisable pour l’antibiogramme et convenant aux deux espèces, il est nécessaire qu’il contienne à la fois l’urée et l’arginine. Dans ce cas il est nécessaire pour différencier ces espèces d’ajouter un antibiotique pour lequel une d’elles présente une résistance naturelle (l’érythromycine pour Mycoplasma hominis et la lincomycine pour Ureaplasma spp). C’est ainsi qu’ont été conçues la galerie Mycofast RevolutioN et la galerie Mycoplasma IST2.
On peut également différencier ces espèces en observant les colonies au microscope optique (grossissement X100) sur milieux gélosés. La culture en milieu gélosé permet en outre de vérifier que l’alcalinisation observée en milieu liquide est bien due à un mycoplasme et non à la présence d’autres bactéries.
Les caractères utilisés pour différencier Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp sont rassemblés dans le tableau 2.
Tableau 2 : Caractères différentiels de Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp
Mycoplasma hominis | Ureaplasma spp | |
Caractère biochimique | ADH + Uréase – | ADH – |
Aspect des colonies sur milieu avec du sulfate de manganèse | colonies dites « en œufs sur le plat » détectables après observation à la loupe binoculaire. Colonie de Mycoplasma hominis en culture x100 | colonies dites « en oursin » de taille irrégulière de couleur brune (précipité dû à l’oxydation du sulfate de manganèse).
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Résistance naturelle utilisée pour le diagnostic différentiel | Érythromycine | Lincomycine |
Dans les prélèvements naturellement stériles (prélèvement d’endocol, prélèvements tubo-peritonéaux), les mycoplasmes sont toujours pathogènes.
En revanche, pour les urines et les prélèvements urétraux et cervico-vaginaux, un dénombrement est nécessaire pour distinguer une infection d’un portage commensal au niveau vaginal ou urétral. Le tableau 3 rassemble les seuils pathologiques habituellement retenus.
Tableau 3 : Seuils de pathogénicité des mycoplasmes selon le type de prélèvement
Mycoplasma hominis | Ureaplasma spp | |
Prélèvement vaginal | ≥ 104 UCC/mL | difficile à interpréter car très fréquent naturellement chez la femme |
Prélèvement urétral | ≥ 104 UCC/mL | ≥ 104 UCC/mL |
1er jet d’urine | ≥ 103 UCC/mL | ≥ 103 UCC/mL |
À cette fin, le dénombrement est effectué en milieu liquide en réalisant des dilutions (10-1 à 10-4) (galeries miniaturisées) et s’exprime en unité changeant la couleur (UCC /mL) qui correspond à la concentration minimale de mycoplasmes nécessaire pour faire virer l’indicateur de pH.
Du fait que la culture de Mycoplasma genitalium est très fastidieuse, seules les méthodes d’amplification génique sont utilisées pour détecter cette espèce. Alors que pour les autres espèces de mycoplasmes, les méthodes permettant leur identification et leur dénombrement après culture sont préférées.