Principales infections oculaires et périoculaires

PLAN

 

Infections superficielles de l’œil

Conjonctivites

Une conjonctivite est une inflammation de la conjonctive.

La conjonctive est une fine muqueuse transparente qui tapisse la face interne des paupières et recouvre le blanc de l’œil (Fig. 2). Elle sécrète du mucus pour enduire et lubrifier la surface de l’œil.

Les conjonctivites sont les affections les plus fréquentes de la surface oculaire. Elles sont en général bilatérales et bénignes.

Elles se traduisent par une rougeur du blanc de l’œil, une gêne avec sensation de corps étranger (grain de sable) ainsi qu’une une augmentation des sécrétions lacrymales. L’acuité visuelle reste cependant normale et il n’y a pas ou peu de photophobie.

Fig.2 : Conjonctivite
Tanalai at English Wikipedia via Wikimedia Commons

Elles sont majoritairement d’origine virale (Adenovirus le plus souvent), allergique ou consécutives à une sécheresse oculaire.

L’apparition de pus ou la notion d’œil collé le matin oriente vers une origine bactérienne.

Les bactéries les plus fréquemment incriminées sont S. aureus (49%), les streptocoques oraux dont S. pneumoniae (12%) et les entérobactéries (13 %).

Les conjonctivites à Neisseria gonorrhoeae sont redoutées car elles peuvent très rapidement provoquer une perforation de la cornée. Ces conjonctivites étaient auparavant transmises à partir d’un foyer génital de la mère à l’enfant au cours de l’accouchement. Elles sont désormais rares en France grâce aux instillations systématiques de collyre à base d’antibiotique dans les yeux des nouveau-nés.

 

Kératites

C’est une inflammation de la cornée qui se traduit par un œil rouge avec un cercle péri-kératique (rougeur plutôt autour de la cornée), une perte de transparence localisée ou diffuse de la cornée, des douleurs oculaires plus ou moins intenses, une photophobie, un larmoiement. Certains sujets présentent une baisse de l’acuité visuelle. Elles sont en général unilatérales.

Les kératites s’accompagnent souvent de conjonctivites, elles sont alors dénommées kératoconjonctivites.

L’étiologie est très variée (traumatisme, allergie, infection, ..).

Parmi les causes infectieuses, les kératites virales sont les plus fréquentes. Les principaux virus en cause sont les Herpes Simplex Virus (HSV1 et 2) et le Varicelle Zona Virus (VZV).

Le traitement des kératites bactériennes est urgent car le pronostic visuel est en jeu.

En effet, il existe un risque à court terme de perforation de la cornée avec fonte purulente de l’oeil (perte de la vue) et à long terme de cicatrices cornéennes opaques définitives limitant la vision.

Fig. 3 : Kératite
http://www.ophtalmologie-kleber.fr/ophtalmologie-14-28-fr.html

 

Les kératites bactériennes affectent très souvent les porteurs de lentilles de contact (1 cas sur 2). Les principales bactéries incriminées sont des bactéries provenant de la flore conjonctivale : les staphylocoques, les streptocoques, les Pseudomonas et les entérobactéries.

Chlamydia trachomatis est responsable de kératoconjonctivite. On distingue celles dues aux sérotypes D-K qui sont des infections sexuellement transmissibles affectant principalement le jeune adulte et celles dues au sérotypes A-C qui sont responsables du trachome. Notons que cette dernière forme, rare dans nos contrées, représente une cause de cécité majeure dans les pays en voie de développement.

Des kératites fongiques sont également observées. Elles concernent les patients greffés de cornée et dans ce cas, on isole en général des levures. Enfin des champignons filamenteux peuvent aussi être incriminés après une blessure par un végétal ou une souillure par de la terre.

Infections endo-oculaires

Uvéites

Ce sont des inflammations de l’uvée. L’uvée est composée de l’iris, du corps ciliaire et de la choroïde.

Elles se classent en fonction de leur localisation :

  • Uvéites antérieures : iritis (atteinte de l’iris), cyclite (atteinte du corps ciliaire), irido-cyclite (atteinte de l’iris et du corps ciliaire)
  • Uvéites intermédiaires : atteinte du corps ciliaire postérieur, de la rétine antérieure, de la choroïde antérieure)
  • cUvéites postérieures : atteinte de la choroïde postérieure
  • Panuvéites : la totalité de l’uvée est touchée.

Elles se traduisent par un œil rouge, accompagné d’une douleur au niveau du globe oculaire. Parfois le sujet présente une baisse de l’acuité visuelle, une photophobie, des larmoiements.
L’étiologie est variée (post chirurgicale, tumeur, corps étranger, décollement de la rétine, infection..) mais demeure quelquefois inconnue.

Les microorganismes en cause sont :

  • des bactéries : Treponema pallidum, Borrelia spp., mycobactéries, Brucella spp, Rickettsia spp.
  • des virus : HSV, VZV
  • ou des parasites : Toxoplasmosma gondii

Notons que les uvéites postérieures peuvent s’accompagner de rétinite : Toxoplasma gondii en est la première cause infectieuse.

Endophtalmies

Ce sont des infections du contenu du globe oculaire qui touchent principalement l’humeur vitrée et la rétine.
Le sujet présente rapidement des douleurs oculaires suivies d’une baisse brutale de l’acuité visuelle. Les paupières sont très gonflées.
Ce sont de véritables urgences. En effet, le pronostic visuel en jeu.

On distingue les endophtalmies exogènes et les endophtalmies endogènes.

  • Les endophtalmies exogènes sont les plus fréquentes. Elles sont pour la plupart consécutives à une opération chirurgicale (opération de la cataracte ou du glaucome). Les bactéries à Gram positif en sont fréquemment responsables et particulièrement Staphylococcus epidermidis.
  • Les endophtalmies endogènes sont beaucoup plus rares. Les germes proviennent du sang. Les patients sont en général des immunodéprimés ou des toxicomanes. Les germes les plus fréquemment isolés, dans ce cas, sont les staphylocoques, les streptocoques, les levures et les champignons filamenteux.

Infections des annexes oculaires

Dacryocystites

Ce sont des infections du sac lacrymal se traduisant par un larmoiement et une tuméfaction arrondie, rouge, chaude et douloureuse, entre l’angle interne de l’œil et l’aile du nez.
Elles sont en général dues à l’obstruction du canal lacrymo-nasal qui relie le sac lacrymal au nez.
On les observe chez le nourrisson mais aussi les personnes de plus de 60 ans.
Les espèces isolées appartiennent aux flores commensales de la peau et de la sphère ORL : streptocoques oraux, Staphylococcus spp., Haemophilus spp., Propionibacterium acnes.

CC by Servier Medical Art

 

Fig.5 Dacryocystite
© snof.org

 

Blépharites

Une blépharite se définit comme une inflammation diffuse du bord libre de la paupière avec parfois des dépôts croûteux à la base des cils (Fig.6). Elles sont liées à la prolifération de bactéries (Staphylococcus aureus et epidermidis, corynébactéries, Propionibacterium acnes) et de levures (Malassezia furfur et Candida) ou à la présence en grande quantité d’un acarien : Demodex folliculorum.

Fig.6 : Blépharite
CC by clubtable via Wikimedia Commons

Orgelets

Ce sont des affections très fréquentes, bénignes mais douloureuses. Ils résultent de l’obstruction  suivie de l’inflammation du follicule pileux d’un cil (Fig.7). L’agent responsable est essentiellement Staphylococcus aureus.

Fig.7 : Orgelet
by Andre Riemann, via Wikimedia Commons

Cellulites orbitaires

Elles sont le plus souvent consécutives à la diffusion par contiguïté d’une infection des sinus.

L’œil est exorbité, très douloureux, il existe un œdème des paupières et des conjonctives ainsi qu’une baisse de l’acuité visuelle. L’observation d’une immobilité de l’œil, d’une dilatation de la pupille ou d’une insensibilité de la cornée impose une intervention en urgence.

Les espèces les plus fréquemment isolées sont des staphylocoques et des bactéries de la sphère ORL.

http://umvf.univ-nantes.fr/orl/enseignement/nasosinusiennes/site/html/2_1.html

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